Chantier de référence : le nettoyage extérieur du Pavillon des Commis à la Saline royale d’Arc-et-Senans

Un patrimoine classé à la croisée de la technique et de l’histoire

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1982, la Saline royale d’Arc-et-Senans (Doubs) constitue un chef-d'œuvre d’architecture industrielle du XVIIIe siècle. Conçue par Claude-Nicolas Ledoux, elle incarne les idéaux du siècle des Lumières, tant sur le plan architectural que social. Le bâtiment des commis, en particulier, concentre les fonctions administratives historiques et fait l’objet d’une conservation rigoureuse.

En 2025, un nettoyage technique par drone a été réalisé sur cet édifice emblématique, dans le respect strict des contraintes liées aux matériaux anciens, aux normes de conservation du patrimoine et aux exigences de sécurité.

Objectif : un nettoyage contrôlée, respectueux et sécurisé

Préserver sans altérer : un enjeu majeur du nettoyage patrimonial

Intervenir sur un bâtiment classé impose une rigueur bien supérieure à celle d’un entretien classique. Chaque intervention technique doit être soigneusement réfléchie dans une logique de réversibilité, de douceur d’action et de respect total des matériaux anciens. Il ne s'agit pas simplement de « nettoyer », mais de préserver durablement sans altérer l’authenticité de l’ouvrage.

Voici les quatre impératifs majeurs du nettoyage sur monument historique :

1. Respect des matériaux d’origine

Les façades du bâtiment des commis de la Saline royale sont constituées de pierre calcaire, taillée au XVIIIe siècle. Cette pierre est particulièrement sensible aux chocs thermiques, aux acides et aux agents abrasifs. Les tuiles terre cuites , les enduits anciens à la chaux ou les joints traditionnels ne supportent aucune pression excessive, ni produit détergent conventionnel.

L’utilisation d’un produit neutre, sans solvants, biodégradable et validé par le Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques (LRMH) est donc essentielle pour éviter toute détérioration ou altération des matériaux.

2. Absence d’agression mécanique ou chimique

Les techniques de nettoyage haute pression, de sablage ou de brossage mécanique sont formellement exclues sur monuments protégés, sauf autorisation exceptionnelle après expertise. Ces méthodes provoquent :

• Désagrégation des grains de pierre (érosion prématurée),

• Descellement de tuiles ou d’éléments décoratifs,

• Ouverture des pores des matériaux, favorisant ensuite l’humidité et les mousses.

Le nettoyage par drone permet d’éviter tout contact physique avec les surfaces, grâce à une pulvérisation contrôlée à très basse pression. Le produit agit en surface, sans réaction chimique violente, ce qui garantit une action douce et progressive, respectueuse de la matière.

3. Préservation des patines historiques et micro-organismes utiles

Sur les monuments anciens, certaines traces naturelles font partie intégrante de la valeur patrimoniale : patines de vieillissement, microcolonies stabilisées, mousses anciennes non invasives, dépôts minéraux. Il ne s’agit pas de « blanchir » ou de rendre neuf un bâtiment ancien, mais de ralentir la colonisation biologique active (lichens, algues, cyanobactéries) sans effacer les traces du temps jugées précieuses par les conservateurs.

La pulvérisation par drone permet de traiter uniquement les zones affectées, en préservant les éléments stables. Un diagnostic préalable est toujours réalisé pour cartographier les zones à traiter ou à laisser intactes.

4. Accès limité ou dangereux pour l’homme

Le bâtiment des commis présente une élévation importante, avec des corniches délicates, des toitures anciennes en pente et des abords fragiles. Y accéder par nacelle ou échafaudage aurait nécessité :

• L'installation d’équipements lourds au sol, perturbant le site classé,

• Une autorisation préfectorale pour travaux d’envergure,

• Un risque plus important pour les opérateurs.

Le drone de pulvérisation offre ici une excellente alternative : il intervient à distance, sans peser sur la structure, sans survol de personnes, et dans le respect des règles de l’aviation civile (scénario STS-01, EASA).

En bref

L’ensemble de ces contraintes fait du nettoyage par drone une solution de plus en plus utilisée dans le domaine du patrimoine bâti. Il combine :

• Respect total des matériaux,

• Sécurité pour les opérateurs et le site,

• Conformité réglementaire (DGAC et EASA, code du patrimoine et exigences du LRMH)

• Souplesse d’intervention sans impact sur l’environnement.

La technologie aérienne, couplée à des produits certifiés, permet ainsi un traitement ciblé, intelligent et modulaire, adapté aux exigences du patrimoine historique.

Un protocole technique approuvé et testé : l’exemple du bâtiment des commis

Choix du procédé de nettoyage et du produit biocide

Le traitement a été réalisé avec un drone pulvérisation, équipé de buses à jet plat basse pression (pression inférieure à 2 bars), permettant une application précise, homogène et sans impact mécanique.

Le produit utilisé : ECP Syra-Oléovictis®

Développé par ECP – Entreprise pour la conservation du patrimoine, Syra-Oléovictis® est un agent nettoyant biocompatible, validé par le Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques (LRMH), garant de l'intégrité scientifique des interventions sur monuments classés.
Ses propriétés :

• Biocide non oxydant, sans javel ni acide, sans chlore ni ammoniums quaternaires adapté aux matériaux anciens poreux.

• pH neutre, préservant la neutralité chimique des substrats minéraux.

• Nettoyant élaboré à partir d’huiles essentielles.

• Large spectre d’action : Dévitalise et élimine algues vertes, lichens, cyanobactéries, mousses, moisissures.

• Conforme aux directives européennes et ministérielles sur les produits biocides.

Son action lente mais profonde respecte les cycles d’humidification et de séchage des supports, sans créer de chocs thermiques ou chimiques. Il ne nécessite aucun rinçage, ce qui évite les risques d’infiltration et la surcharge en eau des matériaux.

Étapes opérationnelles du chantier

La réussite du traitement repose sur une séquence d’intervention méthodique, validée en amont par les parties prenantes (direction du site, fabricant du produit, autorités locales) et encadrée par des protocoles préalablement définis.

1. Inspection initiale & cartographie

• Réalisation d’une inspection visuelle de la zone par satellite.

• Identification des zones à forte contamination biologique, des joints à risque ou éléments décoratifs sensibles.

• Création d’un plan d’intervention localisée.

2. Pulvérisation par drone à débit et hauteur constants

• Délimitation et balisage de la zone d’intervention pour protéger les tiers.

• Réglage du drone pour un vol stable et sécurisé.

• Réglage du débit de pulvérisation, calibré pour garantir une couche uniforme sur toutes les zones ciblées.

• Pulvérisation de la solution de nettoyage sur toute la surface.

3. Séchage naturel sans rinçage

• Le produit agit par capillarité inversée, en pénétrant lentement dans la pierre et les tuiles et en inhibant le métabolisme des organismes indésirables.

• Aucune action mécanique post-traitement, afin de préserver l’hygrométrie naturelle du support.

Données techniques et logistiques du chantier

• Surface traitée : 300 m²

• Durée totale d’intervention : 4H (hors délais d’instruction administrative)

• Équipe mobilisée : 2 télépilotes professionnels certifiés DGAC + 1 opérateur au sol

• Volume de produit appliqué : 210 litres

• Altitude de vol moyenne : 12 mètres

• Contact physique avec les matériaux : Aucun

• Période d’intervention : Printemps, avec hygrométrie < 80 %, vent < 5 km/h

Sécurité, conformité et traçabilité

• Autorisation préfectorale préalable, en tant que site inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques.

• Dossier de vol validé en catégorie spécifique STS-01 selon la réglementation UAS 2023.

• Assurance professionnelle RC + Aviation sur les interventions.

• Dossier technique remis au client, incluant : FDS du produit, plan de vol et déclaration administrative.

Un bénéfice triple : esthétique, préservation et rapidité d’intervention

1. Valorisation rapide de l’apparence du bâtiment grâce à un nettoyage en profondeur

2. Ralentissement de la prolifération microbienne :

   Grâce à des produits validés par le LRMH, ces solutions agissent en profondeur pour freiner le développement des micro-organismes responsables de la dégradation des matériaux (algues, champignons, bactéries). Cette action permet de réduire significativement la fréquence des interventions, protégeant durablement les surfaces et optimisant les cycles de maintenance sur le long terme. De plus, le recours à des solutions écologiques limite les risques liés aux produits chimiques agressifs souvent utilisés dans les méthodes traditionnelles.

3. Intervention jusqu’à 5 fois plus rapide comparée aux méthodes traditionnelles utilisant nacelles ou échafaudages

   La rapidité d’exécution est un avantage majeur du nettoyage par drone. Tandis que l’installation d’échafaudages ou la mobilisation de nacelles élévatrices nécessitent plusieurs jours de préparation, d’intervention et de démontage, le drone peut intervenir en quelques heures. Capable de nettoyer jusqu’à 300 m² par heure, il réduit considérablement la durée des chantiers, limitant les perturbations sur site, tout en assurant un résultat uniforme et de qualité.

4. Réduction de l’empreinte carbone de plus de 99 % par rapport aux méthodes classiques

   Au-delà de ses performances techniques, le nettoyage par drone est une solution respectueuse de l’environnement. Pour illustrer cette différence, voici des estimations de l’empreinte carbone d’un chantier de 2 jours :

   • Installation d’un échafaudage :
     Le transport des éléments d’échafaudage nécessite un camion poids lourd diesel, consommant environ 30 litres aux 100 km. Pour un aller-retour de 100 km, cela génère environ 80 kg de CO₂. L’installation et le démontage mobilisent aussi des machines diesel (mini-pelles, chariots élévateurs) consommant environ 20 litres par jour, soit 54 kg CO₂. Au total, sur 2 jours, l’empreinte carbone dépasse les 180 kg de CO₂.

   • Utilisation d’une nacelle thermique :
     Le transport, souvent réalisé en camionnette diesel, émet environ 40 kg de CO₂ pour 100 km aller-retour. La nacelle thermique consomme en moyenne 5 litres de carburant par heure, soit environ 107 kg CO₂ sur 8 heures. Sur 2 jours, la consommation peut atteindre plus de 250 kg de CO₂.

   • Nettoyage par drone électrique :
     Le drone consomme environ 0,3 kWh par heure de vol, soit environ 5 kWh pour 16 heures cumulées sur 2 jours. En France, avec un mix électrique émettant environ 50 g CO₂/kWh, cela équivaut à seulement 0,24 kg de CO₂. En ajoutant le transport léger (véhicule utilitaire) estimé à 5 kg CO₂, l’empreinte totale est d’environ 5 kg CO₂.

   Cette comparaison met en lumière une réduction de l’empreinte carbone supérieure à 98-99 % grâce au nettoyage par drone, un atout décisif dans la transition écologique dans le secteur du bâtiment.

Perspectives pour les sites classés et sensibles

Ce chantier constitue une référence méthodologique reproductible sur d'autres sites patrimoniaux à forte valeur symbolique et technique. La flexibilité du drone, associée à des produits validés par les institutions compétentes, offre un compromis idéal entre respect du patrimoine et efficacité contemporaine.

Conclusion

Le nettoyage du bâtiment des commis à la Saline royale d’Arc-et-Senans illustre une synergie réussie entre innovation technologique, exigence patrimoniale et écoconception. Réalisé par une équipe soudée, à taille humaine, ce chantier confirme la place croissante du nettoyage par drone comme alternative sûre, précise et durable pour les interventions sur sites classés. Ce modèle d’intervention concilie efficacité technique et respect du bâti historique, tout en limitant l’impact environnemental.

Immersion en image au cœur du chantier

Au-delà des chiffres et des protocoles, ce chantier mené à la Saline royale d’Arc-et-Senans se distingue par sa dimension patrimoniale et humaine. À travers cette sélection d’images, découvrez les coulisses d’une intervention technique d’exception, alliant précision aérienne, respect des matériaux et mise en valeur d’un lieu chargé d’histoire.

Plongez au cœur du chantier

Revivez en vidéo cette fois, le nettoyage du bâtiment des commis à la Saline royale d’Arc-et-Senans.
Cette vidéo vous emmène dans les coulisses d’un chantier d’exception.

FAQ

• Quelle est la durée d’efficacité d’un traitement comme Syra-Oléovictis® ?

  En moyenne 3 à 5 ans, selon l’exposition et l’humidité ambiante. Des contrôles annuels permettent d’adapter le cycle d’entretien.

• Les drones peuvent-ils intervenir sur toutes les hauteurs ?

  Oui, dans la limite des 120 mètres autorisés en France. Les bâtiments de moins de 30 mètres sont particulièrement adaptés.

• Est-ce que le nettoyage par drone abîme les pierres anciennes ?

  Non, la méthode utilisée est non abrasive et sans contact, avec des produits validés pour les matériaux historiques.

• Quels sont les avantages par rapport à un nettoyage manuel ?

  • Moins de temps d’intervention

  • Moins de risque humain

  • Moins de coûts d’installation

  • Aucun contact direct avec la façade ou la toiture

• Est-il possible de traiter seulement certaines zones ?

  Oui, grâce à une pulvérisation ciblée, même sur des zones difficilement accessibles.

• Ce type d’intervention est-il autorisé sur des sites UNESCO ?

  Oui, sous réserve de respecter les réglementations locales, de faire valider le protocole et d’utiliser des produits référencés (ex. : LRMH).